Le trajet qui séparait la tour du Mizukage de l'Académie des Ninjas de Kiri fut brièvement traversé par Aoshi, qui n'attendit pas plus longtemps pour tenter de couronner sa mission d'un succès des plus brillants.
En effet, sa détermination d'insuffler le courage nécessaire à passer les Epreuves de l'Académie au jeune Aspirant s'accroissait de pas en pas, si bien que trop poussé par sa volonté, il arriva devant l'académie une demi heure avant la fin des cours. Il fut donc contraint à faire ce qu'il appréciait le moins : attendre... Il s'adossa au mur du bâtiment, juste à côté de la porte d'entrée, et refoula les données de la mission jusqu'à la sortie des classes. Il devait remonter le moral d'un jeune garçon, qui, après avoir loupé son premier Examen à l'Académie - à cause de la brutalité des épreuves - avait peur de repasser devant le jury. Cependant, Aoshi préféra commencer par le commencement : identifier son client. On l'avait décrit assez petit pour son âge, avec un visage rondelet, cerné par des cheveux noirs en bataille. Ce garçon devrait normalement s'appeler Eiji.
La cloche sonna.
Le Chuunin de Kiri ne se souvenait pas avoir eu autant de collègues à l'Académie, car c'est des vagues de dizaines d'élèves qui jaillissaient de la porte du bâtiment. Le détail qui aida le plus le jeune Mishima était le fait que son client était un éternel passionné des chemises rayées Rouge et Bleues. Et quand un haut de corps portant un vêtement de la sorte sortit de l'Académie, le bras d'Aoshi bondit et attrapa le poignet de l'Aspirant. Si le Chuunin n'avait pas bougé d'un pas, son client se serait arraché le bras. Le bond de frayeur qu'il avait effectué avait contraint le jeune Mishima à se mêler la foule par un pas en avant si il ne voulait pas faire s'écrouler le jeune homme à qui il tenait si fermement le poignet. Ce petit, paniqué essaya de s'exprimer, en sanglotant :
Eiji - C'est pas moi ! Je vous jure que j'ai rien fait ! Qu'est ce que vous me voulez lâchez moi s'il vous plait !
Aoshi eut un soupir d'agacement puis il tira son client hors de la marée d'Aspirants qui ne cessaient d'affluer. Sans lâcher le poignet, il desserra un peu sa prise et répondit :
Aoshi - Calme toi ... Tu es bien Eiji ?
Eiji, je pouvant pas résister à la force de son interlocuteur manqua de s'effondrer quand ce dernier le tra hors de la foule. Des larmes saillirent ses yeux et d'une petite voix il répondit.
Eiji - Ou ... Oui. Pourquoi qu'est ce que vous me voulez ?
Aoshi eut un léger rictus de soulagement. Comme pour s'assurer que l'enfant qui se tenait devant lui ne mentait pas, il l'examina du regard rapidement : Le visage rondelet, les cheveux en bataille, le petit regard innocent, la chemise rouge et bleue. Tout y était... Il se permit donc de préciser quelques informations :
Aoshi - Je suis Aoshi, on m'a chargé de te préparer à affronter une deuxième fois les épreuves de l'Académie. Viens, on va discuter plus loin.
Ce fut au tour de l'Aspirant de regarder en détail le Chuunin. Ses bottes de ninja, son pantalon ample ... Mais les yeux du garçon s'arrêtèrent sur le bandeau de Kiri qu'Aoshi portait à la ceinture. Il paraissait fasciné. Son regard reprit ensuite sa route jusqu'à ce qu'il tombe sur les yeux d'Aoshi. Sa vision resta bloquée, coincée entre deux diamants captivants. Il acquiesça d'un signe de tête à la proposition du Chuunin. Ce dernier sentit les deux moments où le regard de son client s'arrêta, il en profita pour lâcher son poignet et lui faire signe de le suivre. Le petit courut pour rattraper Aoshi, et s'arrêta en même temps que lui sur un petit muret près du magasin de vente des Shinobis. Tous deux s'assirent, et Aoshi entama la discussion :
Aoshi - Alors, Eiji, explique moi pourquoi t'as peur de ces examens.
Aoshi avait cessé de prendre le ton mielleux qu'il avait entretenu quelques secondes auparavant. Style de paroles qu'il détestait par dessus tout. C'est un ton grave qui s'exprimait à présent, un ton qui imposait un respect, d'ailleurs l'Aspirant eut un mouvement de recul, le ton hésitant, la voix tremblante, il ne put s'exprimer, apparemment trop occupé à tortiller ses doigts dans tous les sens. Par devoir, Aoshi tenta de ne pas trop l'intimider, il ajouta :
Aoshi - N'aie pas peur, je ne te ferai aucun mal. Alors, explique moi pourquoi tu es effrayé à l'idée de devoir repasser ces examens.
L'Aspirant leva lentement la tête et, en hésitant à regarder Aoshi dans les yeux, il dit d'une petite voix :
Eiji - Ben, en fait, pendant les derniers je ... On a du se combattre mes amis et moi ! Et je me suis fait ridiculiser, j'étais dans les premiers à tomber j'ai fait que pleurer et ...
Aoshi bougea légèrement et interrompit son interlocuteur, il parla lentement, clairement, de façon à ce qu'Eiji n'en perde pas un mot :
Aoshi - Je t'arrête là, ce n'est pas une bonne raison de te venger ? Te dire que cette année c'est toi qui les humiliera ? C'est de ce genre courage qui te fait avancer.
Le comportement d'Eiji sembla déjà changer, il regarda Aoshi droit dans les yeux et ajouta, pendant que ses larmes s'estompaient d'elles mêmes dans ses yeux :
Eiji - Ben j'aimerais mais j'ai super peur, je suis pas violent, puis les autres Aspirants sont grands et j'ai peur de me faire frapper ... Je sais pas comment ...
Aoshi, toujours de marbre s'apprêta à reprendre la parole, mais cette fois c'était plus pour aider ce jeune garçon, que pour réussir sa mission, alors d'une voix rassurante il raconta :
Aoshi - Tu sais, la première fois que j'ai passé les épreuves, j'avais 10 ans comme toi. J'étais super stressé, quand je suis entré dans la salle, je tremblais de partout... L'ordre était simplement de se battre ; seuls les meilleurs seraient promus. Là j'ai pris mon courage à deux mains et je me suis battu comme un lion. En oubliant la peur et les reproches... Je n'étais pas favori, ni un espoir, mais je suis tombé dans les derniers et ai été un des mieux notés. Tout ça c'est dans ta tête garçon.
Eiji sembla désarçonné par ces révélations, ce Chuunin lui parlait de son passé, et bien qu'il n'en connaisse qu'une toute petite partie, il sentait des similitudes, il écarquilla les yeux et entrouvrit sa bouche, mais aucun son n'en sortit dans l'immédiat. Le silence qui traversait la rue les apaisa, Aoshi regardait le ciel, il sentait que ce garçon avait son avenir sur la glorieuse voix du Shinobi. Soudain, Eiji prit la parole, et de sa petite voix déclara :
Eiji - Mais toi tu es fort, moi je suis dans les derniers de la classe, alors qu'on n'arrête pas de me répéter que j'ai des capacités. Je me sens faible, je doute que je puisse y arriver...
Aoshi se retourna brusquement et regarda ce petit bout d'homme qui se tenait devant lui, assis, là il répondit d'une voix plus forte :
Aoshi - Et c'est pour ça que tu vas abandonner ?
Sans attendre la réponse de son interlocuteur il reprit :
Aoshi - Tu peux croire que je suis fort si ça te réconforte, mais je ne suis pas né Chuunin, ni avec ma rapidité, ni avec ma force, ni avec ma confiance. Car tu sais ce qui te fait défaut ? C'est la confiance en toi, redouble d'efforts et ces examens ne te paraîtront plus que comme un muret à franchir, comme celui sur lequel on est assit. Crois moi garçon tu peux le faire je le sais.
Aoshi eut pour la première fois un geste amical : il posa sa main sur les cheveux d'Eiji et les ébouriffa, avec un petit sourire qui lui tirait le coin de la joue. Le petit garçon semblait revivre, si ce Chuunin lui disait ça c'est qu'il pouvait le faire. Et comme depuis le début de la conversation, il parla d'une voix plus assurée.
Eiji - Tu as raison, je ... Je vais m'y mettre sérieusement et je sauterai par dessus ce mur !
Les deux habitants de Kiri sourirent à la brume qui commençait à tomber sur eux, là, Aoshi se leva, et invita Eiji à en faire de même. L'Aspirant étonné regarda Le Chuunin avec un regard interrogateur, et quand ce dernier reprit la route de l'Académie, il en profita pour ajouter :
Aoshi - Donc, tu vas réussir cet examen, tu as la foi ?
Eiji blanchit, et répondit tout doucement ...
Eiji - Oui ... Mais foi en quoi ?
Là Aoshi sembla embarrassé, la répartie lui manquait, après quelques secondes de silence, il réussit à penser à une réplique intéressante et en fit part :
Aoshi - Ais foi en toi, en tes capacités, et si l'angoisse te réduit, ais foi en moi ... Tu peux passer ces épreuves, si elles ont été choisies c'est pour que ceux qui ont la hargne puissent les réussir ... Réussis les.
Eiji sourit, ces quelques mots lui firent plaisir, alors d'une voix assurée il s'engagea :
Eiji - Je trouverai la foi ! Et je les réussirai !
Sur ce, Aoshi s'arrêta. il regarda son client dans les yeux et lui posa sa main sur l'épaule. La nuit commençait à tomber elle aussi, il chercha son regard et le fixa. Après un nouveau silence, il mit un terme à la controverse :
Aoshi - Bien, je suis fier de toi. A présent, comme premier signe de courage tu vas rentrer chez toi seul, à travers la brume et la nuit. Et quand les épreuves seront passées, tu viendras m'annoncer ton score, dans un petit coin vert, où je suis presque tous les jours, vers le nord du village, cherche un peu, tu ne pourras pas le louper.
Le Chuunin retira sa main, et remarqua que les yeux d'Eiji recommencèrent à s'emplir de larmes. Sans un mot de plus, il repartit en direction de la maison de ses parents, où des retrouvailles pleines de véhémences allaient sûrement l'attendre... Après quelques pas, il entendit le petit Aspirant dire doucement :
Eiji - Au revoir Aoshi... Et merci.
Puis le Chuunin entendit des bruits de pas qui, d'après leur rythme correspondaient à une petite course. Aoshi était content d'avoir réussi sa mission, mais, ce qui lui insuffla le plus de fierté, c'est qu'il venait de forger un petit Ninja... Dans un souffle il pensa :
"A bientôt petit homme ..."